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Multitudes 18 : Automne 2004 .


- Politiques de l’ individuation. Penser avec Simondon
- Hardt/Negri : « Multitude », la suite d’« Empire »
- Pasolini à la sauce piquante
- Anne Frémy
- Quel Etat palestinien ?
- Latrive : Du bon usage de la piraterie.

Le No 18 de la revue Multitudes qui paraît en septembre 2004 consacre son dossier principal aux enjeux politiques de la question de l’individuation, telle que l’a articulée le philosophe Gilbert Simondon (1924-1989). En quoi l’individualisme méthodologique est-il voué à nous fourvoyer ? Comment construire des approches de la réalité humaine qui prennent pour base, non des individus déjà constitués, mais des relations et des processus d’individuation ? La centaine de pages de cette majeure, coordonnée par Didier Debaise, tente de répondre à ce type de questions. Didier Debaise et Yves Citton posent le cadre dans lequel se déploie la pensée des relations proposée par Simondon. Paolo Virno met en scène un dialogue entre Simondon et Duns Scott, à propos du principe d’individuation. Jacques Roux et Alberto Toscano esquissent les enjeux politiques du transindividualisme simondonien. Isabelle Stengers, Muriel Combes et Bernard Aspe réfléchissent aux formes d’action politique sur lesquelles s’articule (ou non) la pensée du transindividuel, Émilia Marty analyse l’œuvre de Simondon comme un départ vers l’infini, une ouverture à la nature, inaugurés avec la découverte de la philosophie en Grèce, tandis qu’Olivier Blondeau en trace quelques liens avec l’éthique hacker. Un lexique explicitant les mots-clés du langage simondonien complète ce dossier qui se veut à la fois une contribution à la réflexion générale sur l’individuation, une introduction à la pensée de Simondon, et une discussion de certains de ses aspects les plus problématiques.

La mineure, coordonnée par Pascal Houba, regroupe cinq contributions cuisinant à la sauce piquante l’œuvre littéraire et cinématographique de Pasolini. Pascal Houba et Alain Naze explorent les implications, pour la pensée des multitudes, de la « langue mineure » que Pasolini exhume à l’écoute des déclassés, des mondes populaires et paysans. Michael Hardt commente l’exposition de la chair à laquelle se livre Pasolini dans le poème La crucifixion. Pierre-Olivier Capéran et René Schérer analysent l’intrication des enjeux esthétiques et politiques du cinéma pasolinien, le premier explorant l’expropriation des corps dans le Décaméron, tandis que le second revient sur l’énigmatique articulation suggérée par « Salò » entre Sade, les Lumières et la forme de fascisme propre à la société de consommation.

L’En-Tête, rédigée par Stéphane Spoiden, Olivier Blondeau et Yann Moulier-Boutang, esquisse quelques pistes et quelques repères pour saisir la multiplicité et la diversité des formes de résistance déployées par la gauche américaine, loin sous la surface des gros titres de John Kerry et de Michael Moore. Les Icônes proposent un travail d’Anne Frémy, accompagné d’un texte de Brian Holmes, où à des photographies d’architectes-urbanistes (face à leur maquette, à leur réalisation ou à leur décideur) répondent des images de corps en chutes libres, ouvrant un dialogue sur la discipline planificatrice, sur la modélisation et sur une architecture de la chute encore à inventer.

Hors Champs offre en primeur quelques bonnes pages de Multitude. Guerre et démocratie à l’époque de l’Empire, le nouveau livre de Michael Hardt et Toni Negri qui fait le point sur les possibilités d’organisation ouvertes aujourd’hui pour répondre au régime de guerre mis en place après septembre 2001.

En Insert, Sari Hanafi montre que l’action de l’État israélien doit être comprise comme un « spatio-cide » et avance une solution créatrice au problème du droit au retour des Palestiniens, celle d’un État extraterritorialisé.

Dans la rubrique Liens, enfin, on pourra lire un extrait du livre de Florent Latrive, à paraître cet automne, consacré au bon usage de la piraterie, où les gesticulations répressives des majors actuelles sont remises dans la perspective de leurs errances passées, ainsi qu’un compte-rendu du livre de Christian Marazzi Et vogue l’argent, duquel Philippe Zarifian tire la matière d’une réflexion originale sur les notions de productivité, d’événement et de communication dans le post-fordisme.


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