31 mai 2006
INTRODUCTION
Lorsque l'Action Française
commença à paraître, en mars 1908, des jeunes gens parmi lesquels les frères
Réal del Sarte et les frères Lefèvre décidèrent de la vente à la criée le
dimanche à la sortie des Églises du XVIIe arrondissement. Ils eurent bientôt des
émules dans les autres quartiers et en province. Un journaliste les appela par
dérision "Les Camelots du Roi" puisqu'ils proposaient leur
marchandise aux passants. Les jeunes militants d'AF relevèrent le défi et
adoptèrent cette appellation. La vente du journal à la criée, depuis lors, a
toujours été la tâche essentielle des Camelots du Roi. Elle contribue à la
diffusion des idées royalistes dans le grand public, mais elle est aussi l'école
du militantisme. C'est en vendant le journal que le propagandiste apprend à
affronter l'adversaire, à discuter avec les sympathisants, à s'astreindre à une
discipline librement consentie.
A coté des vendeurs, les Camelots
du Roi ont naguère compris des "commissaires" chargés des services
d'ordre et des interventions dans la rue ou chez l'adversaire. Les Camelots du
Roi se sont voulus des "gendarmes supplétifs" dont la mission première était de
mettre "la violence au service de la raison", une violence toujours
mesurée d'ailleurs. Si les Camelots du Roi ont été parfois victimes d'agressions
mortelles, ils n'ont jamais tué personne.
Martyrs ou voyous, héros ou
activistes? Qui étaient-ils vraiment ces Camelots du Roi, toujours "une
canne dans la main et dans la poche un bon livre"?
Pendant la première décennie de ce siècle, les royalistes d'Action Française
mettaient sur pied cette organisation militante, l'une des plus formidables,
l'une des plus originales aussi, et lui assignaient un rôle précis : réconcilier
la France avec son Roi, s'opposer aux menées antinationales dont le pays faisait
alors l'objet.
Leurs combats de rue défrayèrent la chronique, leurs débâts
d'idées passionnèrent plusieurs générations de Français et la modernité de leur
action marqua tous les mouvements politiques.
Ces jeunes hommes,
artisans, aristocrates, bourgeois, étudiants, ouvriers, n'avaient peur ni des
coups ni des mots. Pas plus que des balles. La Grande Guerre décapita pour un
temps ce mouvement qui compta alors plus de héros morts que de chefs
vivants.