Si tu t'imagines...Raymond Queneau

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Témoignages de spectateurs

J'y suis allée pour écouter des chansons sur des textes de Raymond Queneau. Et j'ai été très surprise par le spectacle. D'abord j'ai ri, et il m'a semblé que mon enfance était là, tout près, peut-être parce qu'il y avait un écran sur lequel étaient projetées des images, des dessins en couleurs, avec des personnages drôles qui paraissaient provenir de bandes dessinées. Et puis, sur la scène, ah qu'il était amusant ce personnage, un acteur, un chanteur, un meneur de jeu ? avec un ciré jaune... Jean-Marie Hummel, sans âge, à la fois sage et espiègle. Et puis, il a joué avec nous, le public, et puis l'autre, celui qui dessinait aussi avait quelque chose de l'enfanceā C'était magique. Liselotte passait, dans diverses robes et chantait diverses choses et c'était comme les années qui passaient... Faut dire que les textes de Queneau sont assez déroutants... comme les voitures (si j'ose dire !). Il me semble que j'ai oublié la guerre et les lourdeurs du quotidien pendant cette soirée... dont les rythmes m'ont entraînée si loin, là-bas, du côté de Zazie et de cette petite qui croit qu'xa va qu'xa va durer toujours... le temps des amours. Et chaque fois, on repartait ailleurs, eux et moi, ces quatre personnages là devant tout près et leurs drôles d'instruments de musique et leur démarche rigide ou sautillante, comme des clowns qui seraient sérieux et gais à la fois... Et je suis rentrée chez moi en pensant que j'avais pris un bain de jouvence !

Eva SIEGLE

 

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Ça commence doucement, par un jeu interactif, y a personne sur la scène mais sur un écran des questions nous interpellent, comme à l'école. «Qui tousse là ? La personne du 6ème rang ! Non, pas vous !» Je compte les rangs, ouf je suis au 7ème!.. Mon voisin de derrière chuchote «je savais pas qu'on devait savoir lire» et je trouve ça plutôt rigolo. Le spectacle se transporte un peu dans la salle. Le jeu continue avec un pictionary géant: un gentil dessinateur&emdash;qui se transformera plus tard en rocker sauvage&emdash;dessine à la demande les mots lancés par les spectateurs. Chaise-lunettes, rideau-bulle, cĻur de houx, de drôles de rébus poétiques naissent sous nos yeux ébahis, on rigole et on salue la performance.

Puis ça s'emballe. Queneau joue de la contrainte et les acteurs de leur talent pour nous embarquer au pays de l'absurde : dans le désordre, il est question d'un rouleau de PQ transformé en téléphone cellulaire, d'un barbichu en imper jaune qui se cogne à lui-même, d'une femme qui ne veut épouser que des piétons, de voitures folles montées sur rollers qui se demandent comment on peut être piéton... Et on atteint le comble du non-sens avec «la vache de femme `a tete d'orange» alors là, alors là...

Mais keskidit Queneau là? C'est pas grave, les dessins sont jolis, elle est vachement belle, on rêve en voyant les étoiles écrire «LOVE» dans le ciel. C'est pas grave si on comprend pas tout, on marche à fond dans ce délire de potaches, c'est tellement bon de se laisser aller au rythme du piano, du djembe, du synthé, jusqu'à la guitare électrique saturée, on en voit de toutes les couleurs, les acteurs-musiciens-chanteurs passent d'un instrument à l'autre avec une aisance bluffante, tout cela est très très maîtrisé, et très très réjouissant. Je pense à mon fiston&emdash;Gabriel, onze mois&emdash;je suis sûre qu'il aurait adoré. Ça ressemble un peu aux comptines qu'on chante ensemble en tapant sur des casseroles. (Prenez ça comme un compliment !)

Quel est le sens de tout cela ? Un brin de satire peut-être: «des gens très très bien sur des chaises en rottins disent des choses très très bien» parfois sordide comme cette vision des «douze maréchaux les plus importants du monde» qui vomissent leur fois gras à la fin du banquet, cette fois on n'a plus trop envie de rire, vu l'actualité. Un peu de nostalgie aussi sur le temps qui passe, et l'horloge qui pèse sur l'estomac du monsieur qui l'a avalée, et Queneau qui constate: «avant quand j'étais jeune, les blondes étaient blondes!» Allez le rire l'emporte de toute façon, et je garde en moi cette image de l'homme qui prend son bain... dans sa tombe ! Ca vaut tous les commentaires. Mais si tu t'imagines, fillette fillette, ksava, ksava durer toujours, le pestaki de Queneau, ce que tu te gourres, fillette fillette, ce que tu te gourres. Le temps a passé si vite ! Je rentre chez moi le cĻur léger, sans rien qui pèse sur l'estomac. Merci Queneau, merci à la bande de joyeux drilles de nous avoir fait cueillir, en un rien de temps, les roses de la vie. Frédérique LHUILLIER retour à la page Hummel & Hamm / retour en haut de la page